Kaboul: l'hôtel Intercontinental attaqué

7:15 - January 21, 2018
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Une insupportable attente se prolongeait samedi soir à Kaboul plus de cinq heures après le début de l'assaut terroriste contre l'Intercontinental, un des plus grands hôtels de la ville déjà attaqué en 2011, où de nombreuses victimes étaient redoutées.

L'hôtel Intercontinental de Kaboul en flammes après une attaque des talibans, le 29 juin 2011.©AFP
Selon une source sécuritaire jointe sur place, "deux assaillants sont toujours retranchés en deux endroits différents" de l'hôtel de cinq étages et continuent de résister aux forces spéciales.


"Les opérations continuent, un deuxième assaillant a été tué. Sept blessés ont été évacués des premier et deuxième étages, désormais entièrement nettoyés. Mais nous progressons lentement pour éviter les victimes civiles" parmi les clients et le personnel, avait indiqué précédemment à l'AFP le porte-parole adjoint du ministère de l'Intérieur, Nasrat Rahimi.


Aucune revendication ni aucun bilan officiel n'ont été publiés, mais les médias locaux faisaient état de nombreux morts et blessés dans les étages dégagés. 


Le commando s'est introduit dans l'hôtel peu après 21H00 (17H30 GMT), déclenchant une explosion pour s'ouvrir la voie avant de tirer, à la grenade notamment, sur les gardes et les clients.


"Quatre assaillants sont à l'intérieur du bâtiment, ils tirent sur les clients" avait annoncé à l'AFP un responsable de la Direction nationale de la sécurité (NDS), les services de renseignements afghans.


L'électricité a été aussitôt coupée dans le quartier et l'hôtel, situé sur une colline de l'ouest de Kaboul, plongé dans l'obscurité à l'exception de hautes flammes qui s'échappaient du toit.


Selon une source sécuritaire, les assaillants ont mis le feu au quatrième et avant-dernier étage de l'hôtel avant de se retrancher au deuxième.


"Je peux entendre des coups de feu qui semblent provenir du premier étage, mais je ne sais pas où il sont. Nous sommes cachés dans nos chambres. Faites que les secours arrivent vite", a supplié un client retranché au 3e étage, joint au téléphone par l'AFP, sous couvert de l'anonymat.


Selon un journaliste de la chaîne de télévision locale Tolo News qui se trouvait sur place lors de l'attaque, les assaillants ont d'abord abattu les gardes de sécurité postés à l'entrée du complexe.


Sur Twitter des proches angoissés demandaient des nouvelles des leurs séjournant dans l'établissement: "Mon oncle est là-bas, son téléphone est coupé. Toute info bienvenue". De Washington, le département d'Etat appelait à signaler l'éventuelle présence de ressortissants américains.


Un responsable du ministère des Télécommunications, Abdullah Sabet, était sans nouvelle d'une quarantaine de directeurs et responsables provinciaux qui séjournaient à l'hôtel, avant une conférence prévue dimanche.


"Nous ne savons pas s'ils ont été blessés ou tués", confiait-il.


Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Najib Danish, une nouvelle compagnie de sécurité avait pris récemment en charge la sécurité de l'hôtel.


"Nous enquêtons pour comprendre par où sont entrés les assaillants, ils ont pu utiliser les portes de l'arrière-cuisine", a-t-il estimé.


L'hôtel Intercontinental de Kaboul, qui compte quatre restaurants - mais n'appartient pas à la chaîne internationale éponyme - accueille fréquemment des mariages, des conférences et des réunions politiques.


Sa terrasse illuminée dominant la ville est particulièrement prisée des classes aisées.


Une conférence sur la présence et l'investissement chinois en Afghanistan s'y est tenue samedi matin.


L'établissement, l'un des deux cinq étoiles de la capitale, ouvert en septembre 1969, avait été la cible d'une précédente attaque en juin 2011, revendiquée par les talibans, qui avait fait 21 morts.


Les neuf assaillants avaient été abattus après intervention des forces spéciales afghanes, appuyées par les hélicoptères de l'Otan.


Depuis, l'hôtel avait renforcé la surveillance. Mais une journaliste de l'AFP a constaté samedi, quelques heurs avant la tuerie, que la fouille au corps, à l'entrée même du bâtiment, pouvait être aisément contournée en sautant les barrières.


Cette opération intervient pourtant après une série de mises en garde précises depuis 48 heures concernant le risque d'attaques contre des lieux fréquentés par les étrangers. Ce qui avait conduit l'ONU et certaines ambassades à décréter l'état d'alerte.


La dernière attaque contre un grand hôtel avait visé l'autre Cinq étoiles de Kaboul, le Serena; neuf personnes avaient été tuées dont un journaliste de l'AFP et sa famille.


Lundi, une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies à Kaboul avait conclu une visite de quatre jours dans la capitale afghane, qui avait donné lieu vendredi à une réunion de haut niveau du Conseil sur l'Afghanistan au siège de l'ONU à New York.

actu.orange

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