L’islam en Corée du Sud

8:15 - January 23, 2018
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Alors que la Corée du Sud s’apprête à vibrer au rythme des jeux Olympiques d’hiver, du 9 au 25 février prochain, il est intéressant de se pencher sur le rayonnement de l’islam dans cette contrée d’Asie de l’Est, encore timide, bien que gagnant en puissance au fil des décennies.


Dans ce pays de 51 millions d’habitants, où les deux religions dominantes sont le christianisme (31,6% de la population, se partageant entre 7,6 % de catholiques et 24% de protestants) et le bouddhisme (24,2% des croyants), la religion musulmane, connue pour réchauffer les cœurs jusqu’en Chine, ne brille pas par une présence éclatante mais poursuit sa lente percée, passant de 3 700 fidèles en 1965 (année de la création de la Fédération musulmane de Corée), à plus de 200 000 en 2015.


Sa faible présence, comparativement aux deux religions prédominantes, n’empêche pas que l’islam ait un fort ancrage à Séoul, en raison de l’augmentation sensible du nombre d’ouvriers musulmans immigrés, en provenance notamment du Bangladesh et d’Ouzbékistan, et de la hausse non négligeable des conversions chez les Sud-Coréens.


Si la Grande Mosquée de Séoul offre un majestueux témoignage de la présence musulmane en Corée du Sud, on ne dénombre que 8 mosquées en tout et pour tout sur le territoire national, tandis que près de 30 000 églises protestantes ont fleuri dans le paysage en l’espace d’un siècle, preuve de l’essor spectaculaire du protestantisme depuis son incursion à la fin des années 1880, à travers des missionnaires occidentaux, parmi lesquels figuraient des médecins. Il est à noter que les catholiques, persécutés pendant plus d’un siècle, n’ont cessé de voir leurs rangs s’élargir au cours de ces trente dernières années.


Loin d’être éradiqué, le fléau de l’islamophobie, qui se propage comme une traînée de poudre à chaque attentat sanglant perpétré par Daech ou les autres forces du mal se réclamant d’un islam gravement perverti, sévit également en Corée du Sud, sous l’impulsion de groupes chrétiens, sciemment alarmistes, qui diabolisent les musulmans et le halal, poussant des cris d’orfraie qui résonnent familièrement à nos oreilles : ils crient eux aussi, mais dans une autre langue que celle de Molière, à « l’islamisation » du pays !


En dépit de ce racisme anti-musulmans prégnant, les autorités coréennes ont décidé de miser sur la niche économique du Halal à Iksan, une petite localité située à l’ouest de la 12èmepuissance économique mondiale, au risque de provoquer l’ire de la population chrétienne, cherchant à séduire un nouveau cœur de cible prioritaire : les touristes musulmans.


Cette nouvelle stratégie de développement a été mûrement réfléchie après que la Chine, furieuse, a interdit les voyages de groupe en Corée du Sud, ne digérant pas que le système antimissile américain Thaad ait été déployé localement. Face au manque à gagner qui en a découlé, la Corée du Sud a alors intensifié ses efforts pour développer son industrie du tourisme, en espérant attirer tout particulièrement les visiteurs, au fort pouvoir d’achat, d’Indonésie, de Malaisie et du Moyen-Orient.


Petit à petit, l’islam fait son nid en Corée du Sud, même si pour nombre d’observateurs nationaux, il n’est guère probable qu’il imprègne aussi largement et profondément le pays que ne l’a fait le christianisme. Parmi les raisons invoquées pour justifier ce point de vue, le fait que la consommation de porc et d’alcool, formellement proscrite par la religion musulmane, fasse partie intégrante de la culture sud-coréenne est souvent avancé.


L’avenir dira si l’islam réussira à transpercer l’épais rideau des préjugés pour se faire une place grandissante, et non minoritaire, dans le cœur des Sud-Coréens.
oumma

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