Les musulmans et la question du tourisme à Quds Sharif
Le militant des droits de l'homme, Hebh Jamal, a écrit dans une note sur les événements récents en Palestine : « Alors que les communautés musulmanes du monde entier, fêtent l'Aïd al-Fitr et la fin du mois sacré du Ramadan, les musulmans palestiniens à Jérusalem occupée, subissent les violences et la brutalité des forces israéliennes. Les forces de sécurité israéliennes ont de nouveau attaqué la mosquée Al-Aqsa - le troisième site islamique - et brutalisé les fidèles palestiniens. Israël n'a aucun droit sur la mosquée Al-Aqsa. Sur la base d’un statu quo internationalement reconnu, la Jordanie et le Centre des dons de Jérusalem, nommé par la Jordanie, ont le droit de décider de ce qui s’y passe. Néanmoins, les autorités israéliennes ont interdit le culte nocturne dans l'enceinte d'Al-Aqsa, et ont empêché les Palestiniens d'accomplir librement leurs cérémonies religieuses. Les autorités israéliennes ont également interdit à de nombreux Palestiniens, de visiter ce lieu saint, ce qui violait non seulement leur droit de culte mais aussi leur droit de se déplacer librement sur leur terre.
Les médias internationaux sont jusqu'à présent, restés silencieux sur la violence israélienne à Jérusalem-Est. Il est temps de chercher des solutions sur la façon dont nous devons aborder les violations du caractère sacré de l'islam et la brutalité d'Israël contre nos frères et sœurs palestiniens.
La question importante est de savoir comment les musulmans doivent organiser le pèlerinage à Al-Aqsa et les voyages vers la Palestine occupée.
Même les Palestiniens qui détiennent la citoyenneté israélienne, sont victimes de discriminations dans tous les domaines de la vie, l'éducation, les soins de santé et d'autres services essentiels, et une série de points de contrôle, de barrages routiers, un mur et un système de permis les empêchent de se déplacer librement entre Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem.
Les Palestiniens sont également régulièrement empêchés de voyager à l'étranger. En 2021, Israël a imposé une interdiction de voyager à plus de 10 000 Palestiniens. Même les Palestiniens éloignés de leur patrie ne sont parfois pas autorisés à entrer en Palestine occupée et à Jérusalem. Même si vous avez un passeport valide qui ne nécessite pas de visa pour entrer en Israël, l'entrée peut toujours vous être refusée. Par exemple, bien que je sois un citoyen américain et que ma femme et mon fils soient des citoyens allemands, ils nous empêchent toujours d'entrer à Jérusalem en tant que famille, même si nous avons des certificats de naissance palestiniens de Gaza. Ceux qui vivent à Jérusalem-Est sont aussi confrontés à des restrictions. Par exemple, les pèlerins musulmans sont autorisés à entrer dans l'enceinte par la porte ouest, mais les Palestiniens ne le sont pas et les autorités israéliennes ferment régulièrement et arbitrairement Al-Aqsa pour des raisons de sécurité.
Les autorités israéliennes violent les droits du gouvernement jordanien et du Centre des dons, en appliquant leurs propres mesures de sécurité et en décidant qui entre à al-Aqsa et qui n'y entre pas.
En 2012, le cheikh Yusuf Qardhawi a émis une fatwa interdisant le pèlerinage à Jérusalem, qu’il considérait comme une sorte de normalisation des relations avec le gouvernement israélien.
Outre les attaques d'Israël contre al-Aqsa et les fidèles musulmans, une autre question qui doit être résolue est de savoir dans quelle mesure les voyages vers les lieux saints profitent réellement à Israël financièrement. Le tourisme représente une partie importante de l'économie d'Israël, 2,8 % de son PIB et 6 % des emplois. En 2019, Israël a estimé que plus de 127 000 touristes étaient venus de pays musulmans.
En signant des accords de normalisation en 2020, avec des pays arabes, connus sous le nom d'Accords d'Abraham, Israël a cherché à attirer des touristes musulmans pour dynamiser son secteur touristique.
En 2021, David Friedman, l'ancien ambassadeur américain en Israël, a déclaré qu'il travaillerait pour amener les musulmans à Jérusalem, afin qu'ils puissent voir comment Israël protège les lieux saints. Pendant ce temps, le ministère du Tourisme et du Marketing a donné la priorité à Israël en tant que destination touristique pour les voyageurs musulmans, gérant ses propres services touristiques et se coordonnant avec les agences de voyages.
Le problème est que ce ne sont pas seulement les agences de voyages gérées par Israël qui effacent le peuple palestinien et ignorent ses souffrances. Un rapide coup d'œil sur les voyagistes musulmans, montre que beaucoup d'entre eux utilisent la même méthode. Il y a même des organisateurs de voyages qui prétendent qu'al-Aqsa est sans danger pour les familles avec des enfants, cachant ainsi la violence meurtrière de l'occupation israélienne à l’encontre les Palestiniens.
Les Palestiniens ont clairement exprimé leurs sentiments face à cette complicité. En octobre 2020, des fidèles locaux ont demandé à une délégation commerciale des Émirats arabes unis qui s'était rendue à al-Aqsa avec les forces de sécurité israéliennes, de quitter l'enceinte.
Le Grand Mufti de Jérusalem, Cheikh Muhammad Hussain, s'est également prononcé contre les musulmans émiratis qui se rendent à Al-Aqsa.
Les Palestiniens n'ont pas le sentiment d'avoir un droit exclusif de décider qui, de la communauté musulmane, peut se rendre à Jérusalem et qui ne le peut pas, mais souhaitent que les musulmans fassent preuve de solidarité.
Les directives du BDS (Boycott, Divestment, Sanctions) peuvent aider les musulmans qui souhaitent visiter Jérusalem et al-Aqsa, à le faire d'une manière qui ne nuise pas aux Palestiniens et à leur cause. Ils peuvent répondre à cette demande, en évitant les sites touristiques de la Palestine occupée, administrée par Israël, en boycottant tous les produits et entreprises israéliens, et en ne participant pas aux événements culturels israéliens.
Il est très important de choisir une agence de voyage ou un circuit de groupe qui ne viole pas les principes du BDS. Bien que certaines agences de voyages incluent des rencontres avec des Palestiniens locaux, dans le cadre de leurs circuits, elles n'adhèrent pas au BDS. Il y a même des cas où des agences de voyages violent cette règle, en faisant la publicité d'attractions touristiques telles que le musée de la Tour de David, illégalement géré par les autorités d'occupation israéliennes.
Les musulmans doivent comprendre que le politique et le spirituel sont profondément liés. Ils doivent rejeter la propagande israélienne qui sépare al-Aqsa du sort de la Palestine, aider à exposer le projet des colons israéliens et amplifier les voix des Palestiniens qui racontent leur oppression et leur volonté de liberté ».
